Le Prolapsus, un mot barbare pour une gêne fréquente
La descente d’organes est l’expression de lésions « mécaniques » des systèmes de suspension et de soutien musculaire des organes pelviens de la femme. Son mon médical est prolapsus. Il est assez mal vécu, parce qu’il évoque un vieillissement, ressenti souvent comme prématuré car il atteint aussi la femme jeune.
Il doit être dédramatisé, dans la mesure où sa présence n’a aucune gravité.
Le prolapsus, ou descente d’organe, c’est quoi ?
Le prolapsus (appelé communément descente d’organes) est une lésion de la suspension des organes du petit bassin chez la femme. Il peut concerner la vessie, l’utérus, le rectum, ou combiner deux ou même trois de ces organes.Le maintien de ces organes est en effet assuré par :
- Des ligaments qui les suspendent
- Des muscles, ceux du périnée, qui les soutiennent
Jeux ligamentaires suspendant les organes : on constate que l’ensemble des forces de suspension se dirige, en position debout, vers l’arrière et le haut : les ligaments sont des tissus solides, non contractiles, non rééducables. Leur distension est irréversible, seule la chirurgie peut les réparer.
Jeu musculaire soutenant les organes : la musculature, élastique, est active. L’action des ligaments la renforce; son rôle est d’absorber les chocs que la pression abdominale lui impose ; on peut la contracter volontairement. Donc, elle est susceptible d’être rééduquée.
- Les deux systèmes, ligamentaire et musculaire, sont complémentaires et réalisent un équilibre fonctionnel.
- La vessie, l’utérus et le rectum sont anatomiquement très proches et liés les uns aux autres.
- Le système urinaire a un « mur commun » en avant avec le vagin.
- Le système anorectal, un mur commun en arrière avec le vagin.
- Le col utérin débouche tout au fond du vagin, au niveau de son pôle supérieur
Les différents prolapsus
Le prolapsus est identifié et évalué selon l’organe concerné et le degré de lésion
- la cystocèle qualifie un prolapsus de la vessie qui apparaît comme un bombement en avant du vagin,
- l’hystérocèle est un prolapsus de l’utérus,
- la rectocèle est une bascule de la paroi recto vaginale apparaissant comme un bombement en arrière du le vagin
- l’élytrocèle est le prolapsus du cul de sac de Douglas.
Chacune de ces lésions est quantifiée en stade 1, stade 2 ou stade 3, selon son importance, le stade 1 étant le plus faibleLes 3 stades du prolapsus et leur lieu : l’organe déplacé peut être la vessie (cystocèle), l’utérus (hystérocèle), le rectum (rectocèle). Il peut y avoir une combinaison de deux ou trois organes, de stade commun ou différent.
Comment se produit une descente d’organes ?
Par l’action de pressions importantes sur toutes les structures du bas ventre. Dans la plupart des cas, le prolapsus est la conséquence d’une ou plusieurs maternités, mais pas toujours. On peut ne jamais avoir accouché et avoir un prolapsus..
L’accouchement par voie basse et la grossesse augmentent ces pressions.
Pendant toute la grossesse, l’utérus exerce une pression de haut en bas, progressive mais finalement conséquente sur le plancher pelvien. Les ligaments qui le « suspendent » sont étirés. Ces ligaments sont la « clef de voûte » du maintien ligamentaire des deux autres organes, la vessie et le rectum.
Selon la qualité des tissus de la maman, le poids du bébé à la naissance, la façon dont se déroule l’accouchement, l’ensemble pelvien est plus ou moins « abaissé ».En principe, quelques mois après l’accouchement, l’éventuel allaitement et quelques cycles, les choses se résolvent d’elles-mêmes. Malheureusement, parfois, ce n’est pas le cas, et les ligaments restent étirés.
Cela crée une situation de fragilité, qui peut n’avoir aucune conséquence ultérieure, mais qui peut aussi s’aggraver, et cela d’autant plus que la femme n’a pas appris la fonction de sa musculature pelvienne.
Les efforts de vie personnelle, professionnels ou sportifs, augmentent beaucoup les pressions.
Tout au long de la vie, nous faisons des efforts qui nous paraissent minimes, mais qui, ajoutés les uns aux autres, créent le prolapsus ou aggravent les choses. Il peut aussi survenir lors d’une importante modification hormonale comme la ménopause.
Le prolapsus n’est pas une pathologie grave, mais elle est plus ou moins gênante.
- C’est une pathologie « mécanique » dans le sens où aucun organe n’est malade.
- Elle est « fluctuante » :
Elle n’a pas toujours le même aspect dans la journée, elle ne crée pas tout le temps la même gêne. …Vous pouvez la palper ou non, la visualiser ou non !
La gêne qu’elle induit (ou pas) peut être très variable selon les femmes. Certaines, porteuses d’un fort prolapsus peuvent ne pas en être gênées et d’autres, avec un prolapsus « objectivement » moins marqué, décrivent une gêne importante.
Elle peut évoluer longtemps à bas bruit – vous ne sentez rien, vous ne vous plaignez de rien – et se manifester un jour par un inconfort pelvien, qui peut revêtir plusieurs visages :
- la sensation d’une « boule » dans le vagin, que vous pouvez palper ou voir en faisant votre toilette, la sensation que vous portez un tampon, la sensation de frottement au contact de vos sous-vêtements
- des pesanteurs ou des tiraillements dans le bas ventre
- des signes urinaires, comme des fuites ou des sensations d’urgence, ou à l’inverse une gêne à la miction (alors que vous en ressentez le besoin, vous avez du mal à déclencher l’écoulement des urines)
- des signes ano rectaux, comme des difficultés à retenir des gaz
Elle peut tout simplement aussi vous être signalée par votre gynécologue à l’occasion d’une consultation de routine.
Elle augmente avec la station debout prolongée, le port de charges et d’autres circonstances.
Le savoir ou non, voilà la question !!
Certaines femmes nous expriment, et surtout au moment de leur rééducation, leur gêne de savoir qu’elles ont un prolapsus, à cause des signes associés possibles , mais aussi et notamment à propos de leur sexualité.
A la limite, tant qu’elles ne savaient pas, cela ne les gênait pas, mais quand elles l’apprennent ou le constatent ce n’est plus pareil…
- J’ai peur que « ça tombe »
- Je ne suis plus « normale » ni comme les autres
- J’ai peur (ou honte) que mon partenaire le voie
- Je n’ose pas lui dire
- Et si ça change tout entre nous ?
Quels sont les traitements ?
C’est pourquoi, pour cette pathologie fonctionnelle mais pas grave, on va proposer de la rééducation fonctionnelle et de la prévention, ou de la chirurgie et aussi des « petits moyens ».
A qui et pourquoi fait on chacune de ces propositions ?
Le rôle de la rééducation périnéale :
Elle est indiquée pour le rôle de soutien musculaire assuré par les muscles releveurs de l’anus (principaux muscles du périnée) :
- dans les prolapsus moyens (stade 1 et 2).
- Pour les gênes déterminées comme peu importantes
- En prévention d’une aggravation d’un prolapsus encore peu gênant
- Pour exploiter une musculature souvent peu ou mal utilisée. C’est un traitement « conservateur » c’est à dire sans chirurgie.
- Le principe est de redonner (ou donner) une activité et une gestion musculaire capable de compenser un déficit ligamentaire et « absorber » par leur élasticité les chocs verticaux créés par la pesanteur et les efforts,
- Le but est d’une part un meilleur maintien constant, mais surtout une anticipation lors des efforts qui augmentent la pression sur le prolapsus.Les moyens :
Cette rééducation apprendra à identifier les muscles, à les renforcer et à s’en servir lors de toutes les situations à risque : toux, à éternuement, port de charges, efforts liés à certains sports ou à l’activité professionnelle
- Afin de mettre en place l’automatisation du recours à ces muscles dans l’ensemble des automatismes de la gestuelle courante
- Parce qu’une rééducation est facile, assez rapide, peu onéreuse et parce qu’elle peut apporter un soulagement qui suffira à diminuer votre gêne sans avoir modifié votre anatomie. Cependant, une rééducation fonctionnelle améliore la gêne fonctionnelle mais ne modifie pas l’anatomie.
- Le(la) kinésithérapeute ou la sage-femme, en l’absence de résultats ou de satisfaction suffisante incite la patiente à consulter de nouveau son médecin ou son gynécologue si elle le désire.
La prévention des facteurs de risque :
C’est le fait de diminuer au maximum, voire de supprimer les trop fortes pressions abdominales dont la résultante s’exerce directement sur le plancher pelvien. La grossesse et l’hyperlordose lombaire font porter ces pressions sur la région vaginale. Quels sont ces facteurs de risque ?
- La constipation éventuelle
- La mauvaise habitude de toujours attendre pour aller vider sa vessie : une vessie trop pleine, est trop lourde et plus elle est lourde plus elle est basse. Elle va entrainer plus de pressions sur le plancher pelvien, et plus de tractions sur les ligaments.
- Les ports de charges lourdes, qui demandent la mise en place de stratégies d’effort adaptées
- Les toux et éternuements fréquents, qu’il vaudrait mieux traiter le plus rapidement possible
- Certaines activités sportives, qu’il faudra aménager
Il faut discuter avec la patiente, l’aider à organiser sa vie quotidienne. Cela permet d’évaluer les résultats avec elle, sur la qualité musculaire, mais aussi et surtout sur le soulagement ou non de sa gêne. On peut avoir réalisé une bonne récupération musculaire, avoir un certain pourcentage d’amélioration et ne pas avoir résolu la totalité de la gêne. Cela, c’est à la patiente de l’évaluer et il faut respecter sa parole.
On peut l’aider à objectiver sa gêne par l’intermédiaire d’échelles de qualité de vie. La précision de cette évaluation permet de l’aider à trouver et/ou à lui proposer une « solution sur mesure ».
La chirurgie est elle obligatoire ?
La chirurgie est indiquée
- Si la patiente le désire, sur le principe « On n’opère pas un prolapsus, on opère une femme gênée »
- Si la rééducation n’a pas diminué la gêne, elle aura au moins été un acquis toujours bénéfique. Elle pourra pérenniser les résultats de la chirurgie sur le long terme.
- Si le prolapsus est trop gênant (stade 3), la rééducation n’aura aucun effet. Cette rééducation accompagnée de conseils devrait être pratiquée après la chirurgie.
La consultation avec le gynécologue, et avec le chirurgien éclaireront la patiente sur le choix et les raisons de l’intervention préconisée. Chaque cas est spécifique et il n’y a pas de conduite type.
C’est le chirurgien qui décide du type d’intervention, en fonction de la gêne, de certains examens complémentaires, dont le bilan urodynamique et éventuellement de risques propres à la patiente, qu’il évalue.
Des « petits moyens » peuvent améliorer la tolérance du prolapsus
Quels sont–ils et à quoi servent-ils ?
Les petits moyens servent à prévenir les facteurs de risques. On a recours à de petits dispositifs existant sur le marché ou à un « système D » pour soulager de façon transitoire ou de plus longue durée le gêne occasionnée.
- En soulagement transitoire, la patiente peut mettre un tampon périodique pendant une activité sportive ou une prévision de station debout prolongée. Cela permet de « caler » les organes pendant un laps de temps.
- Pour un effet de plus longue durée, soit en attendant une chirurgie, soit que la patiente ne désire pas être opérée, soit en attente d’une grossesse ultérieure, on peut lui proposer la pose d’un pessaire.
Vous craignez d’avoir un prolapsus ?
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Joelle Souffir
Conseil en Pelvipérinéologie et douleurs pelviennes, Sexothérapie fonctionnelle.
– Kinésithérapeute, Cadre Enseignante
– Urodynamicienne
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– Hypnothérapeute
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06 42 45 90 45/contact@joellesouffir.com
4 Commentaire
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[…] Prolapsus et symptômes ano rectaux […]
[…] est utilisé en cas de prolapsus génital plus communément appelé « descente d’organe ». Certains pessaires peuvent également être […]
Bonjour j ai une prolapsus stade 2 là je fais une rééducation périnée avec une sage femme je suis en arrêt de travail jusqu au 20 juin je me fais opérer le 15 juillet du coup pour ma reprise de travail je suis inquiète je suis aide a domicile a temps complet il y a t il des risques a reprendre le travail avant l opération merci de me repondre
Bonjour Madame,
Je ne sais pas pourquoi, mais votre message de Juin m’a échappé et je ne le vois que maintenant.
Je n’y avais donc pas répondu et je m’en excuse…
Si c’est encore d’actualité, avez vous encore besoin d’aide ou de conseil?
Cordialement
Joelle SOUFFIR