Rééducation, sexualité et prolapsus

Rééducation pelvienne, un lieu pour parler sexualité

Souvent, une femme ressent au sein d’une  rééducation pelvienne le besoin d’ évoquer sa sexualité, d’en parler, d’oser s’exprimer.

Rééducation pelvienne et sexualité :

  • Les études montrent que les femmes parlent peu de leur vie sexuelle, à leur gynécologue ou leur médecin traitant. Les hommes en parlent encore moins. Le couple ensemble encore plus rarement…
  • Souvent, Rééducation pelvienne et sexualité peuvent avoir un lien important. Ce n’est pas le premier motif de consultation. Cependant, si l' »oreille » du (de la) thérapeute est attentive, il(elle) peut le percevoir. Au cours de cette consultation, le (la) thérapeute, selon sa compétence, peut directement aider la patiente. Libre à elle de refuser d’en parler. Elle aura au moins l’indication qu’elle pourrait le faire,  et ne pas rester seule dans son silence. Au thérapeute de juger s’il est capable de gérer seul(e)ou de diriger ailleurs la patiente.

Pourquoi ?

  • le temps passé avec ces thérapeutes est long et les séances fréquentes.
  • il(elle)s ont avec la patiente un contact corporel. Ils (elles) touchent des zones sexuellement investies.
  • ces praticiens paraissent moins « impressionnant(e)s » que le gynécologue,  le généraliste ou un psychosexologue.

Les séances de rééducation peuvent être le lieu au moins d’une dédramatisation. Elles s’accompagnent de conseils pratiques, d’explications, et d’une distanciation par rapport à l’anxiété de la patiente. Le tabou qu’elle peut ressentir peut être surmonté.

J'examine une patiente
Examen d’une patiente

Prolapsus et sexualité

Peut-on avoir une sexualité satisfaisante si on est porteuse d’un prolapsus?

Ce sujet délicat dépend du ressenti subjectif, de la nature du prolapsus, et de la gêne perçue.

Le prolapsus est-il un évènement de la vieillesse ou survenant après la ménopause ?

C’est une idée reçue : un prolapsus peut survenir à tout âge.  Les accouchements peuvent l’avoir provoqué, de même que d’autres facteurs : ports de charges (métiers à risque), conséquences de toux et d’éternuements chroniques, de sports à risque…

Objectif ou subjectif ?

« Techniquement » parlant, un prolapsus moyen ne gêne pas une vie sexuelle épanouie. Sa position réductible, la souplesse et l’élasticité des tissus vaginaux permettent des préliminaires et une pénétration sans difficulté.

  • On peut réduire manuellement un prolapsus moyen par une simple pression.
  • On peut choisir son moment :  le matin ou après un temps passé allongée, et pas juste après une selle. Cependant si le prolapsus s’est extériorisé, il est plus facile et plus discret de le replacer aux toilettes ou dans la salle de bains
  • Une première pénétration peut se faire allongée. Quand elle a eu lieu, le prolapsus est réduit et d’autres positions deviennent possibles
  • la sécheresse vaginale, possible après la ménopause ou si elle n’est pas traitée, peut être gérée par différents produits :
    • un traitement oestrogénique vaginal, en ovules ou en crème, s’il n’y a pas de contre-indication médicale. Un tel traitement n’est pas un lubrifiant, il doit être prescrit par un médecin, utilisé au long cours et non au coup par coup juste avant un rapport. Il a beaucoup d’avantages : tissus assouplis, diminution des gênes urinaires, des infections locales, renforcement des forces de soutien des organes.
    • S’il y a des contre-indications médicales ou des intolérances, il existe aujourd’hui, plusieurs gammes de produits « repulpants ». Ils assouplissent les tissus. De l’acide hyaluronique et/ou des produits naturels ou bio sont utilisés. Ces produits n’ont pas le rôle des œstrogènes, mais améliorent considérablement le confort. On les trouve facilement en pharmacie, sans ordonnance.

Subjectivement, on peut comprendre qu’un prolapsus puisse avoir un impact négatif. L’image et l’estime de soi, la capacité de séduction, la représentation corporelle sont altérées.  La crainte d’impossibilité de pénétration, la survenue de fuites urinaires, de bruits vaginaux, de douleurs réelles renforcent cette gêne.

Le vécu du partenaire est important :

  • la femme, souvent,  n’aborde pas le sujet avec lui par peur d’entendre sa réaction, qu’elle soit positive ou négative.
  • le prolapsus peut s’ajouter à une gêne sexuelle du partenaire lui-même ( troubles de l’érectionéjaculation précoce …), à une gêne « mécanique » (lombalgie, douleurs de hanche, obésité ou même psychologique (dépression, trouble du désir…)

La rééducation pelvienne redonne une existence positive aux tissus et aux muscles; elle restitue un ressenti  désinvesti par l’existence de ce prolapsus.

Aussitôt qu’elle a constaté, vu ou palpé le prolapsus, la femme se ressent comme « malade » et menacée. Si c’est le gynécologue ou le médecin qui l’en a informée, même si elle n’éprouve aucune gêne, sa vision d’elle même s’altère.

Nous avons vu que les réticences aux rapports sexuels étaient le plus souvent liées à la crainte des douleurs, des fuites urinaires, des pertes de gaz.

Cependant, une étude réalisée récemment en France (Centre Hospitalier de Nîmes), sur des femmes de tout âge avant une chirurgie de prolapsus a montré que pendant les rapports :

  • 80 % d’entre elles n’ont jamais, rarement ou parfois de douleurs
  • 90% n’ont jamais, rarement, ou parfois de fuites urinaires
  • 92% ne refusent jamais, rarement, ou parfois un rapport à cause des fuites urinaires
  • 76% ne refusent et n’évitent jamais, rarement, ou parfois les rapports à cause du prolapsus
  • 89% n’ont jamais ou rarement éprouvé d’émotions négatives (honte, culpabilité…), lors d’un rapport à cause du prolapsus

Il y a un grand intérêt à aborder et commenter cette étude, l’acceptation des femmes à y participer le prouve.

 

 

 

2 Commentaire

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Le Prolapsus, un mot barbare pour une gêne fréquente – Joelle Souffirrépondre
9 octobre 2020 à 16 h 45 min

[…] Et si ça change tout entre nous ? (prolapsus et sexualité) […]

Douleurs, gênes et inconforts vaginaux – Joelle Souffirrépondre
11 novembre 2020 à 16 h 44 min

[…] Chez la femme adulte : […]

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